Cette deuxième période de confinement confronte à nouveau les commerçants à la fermeture de leurs boutiques. Si les habitants peuvent se sentir touchés par ces fermetures, ce sont bien les professionnels qui en ont payé, en paient, et en paieront le prix. A Coutances comme partout en France, et même en Europe, ce sont les grandes surfaces qui tirent leur épingle du jeu, bénéficiant de cette concurrence déloyale. Si, lors du premier confinement, ces grands magasins ont permis au plus grand nombre de s’approvisionner et ainsi faire face à la stupéfaction générale, si la population a été reconnaissante envers les caissier.ère.s et les employé.e.s de ces magasins qui ont œuvré sans relâche à nourrir les habitants, ce deuxième confinement ne devrait en aucun cas être une simple répétition du premier.
Depuis le déconfinement, les commerces, dits non-essentiels, ont respecté scrupuleusement tout ce qui leur a été demandé. La population s’est aussi adaptée. La crise sanitaire a provoqué une prise de conscience et un changement d’habitudes chez beaucoup de nos concitoyens. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui appellent à soutenir leurs commerces locaux, ceux qui font vivre leurs centres-villes. Mais comment soutenir efficacement ces commerces s’ils sont condamnés à voir les grandes surfaces, ou pire, les sites en ligne comme Amazon, vendre des produits similaires ? Comment espérer que notre centre-ville reste dynamique si la seule réponse offerte avant les fêtes est l’achat en ligne ou en grande surface ? Certains s’organisent pour maintenir une activité, certes, mais tous ne le peuvent pas. D’autres essaient, mais manquent de visibilité, sans trouver un accompagnement pour cela. Quelques grands magasins se montrent compréhensifs et ferment des rayons, mais cela ne règle rien : désormais, plus aucun livre ou produit culturel ne peut se vendre en France sans passer pour beaucoup par une entreprise qui ne paie aucun impôt en France, ni même en Europe. Nous nous pénalisons nous–mêmes !
Bien sûr, des élus se sont émus dans la presse de la situation, M. Bourdin ayant pris la parole, à juste titre. Mais l’émotion ne suffit pas à faire vivre un commerce. D’autres ont tenté d’aller plus loin. Des maires ont pris des arrêtés pour permettre l’ouverture de ces magasins. Des sénateurs ont voté un amendement pour l’autoriser également. C’est un premier pas nécessaire pour faire face aux conséquences économiques désastreuses de cette crise sanitaire.
Seulement, les préfets retoquent les arrêtés des maires, et rien ne dit que l’Assemblée nationale validera l’amendement des sénateurs. Néanmoins, ces actes forts, à défaut de régler les difficultés de nos commerçants, sont des symboles, et, s’il est a priori évident que le préfet de la Manche désavouera un nouvel arrêté, rien n’empêche un maire comme celui de Coutances de prendre un tel arrêté.
Parfois, les symboles sont plus forts que l’évidence. Alternatives soutient l’action forte de ces maires, comme celui de Barneville-Carteret, qui ont le courage de leurs décisions.